20 mars 2017 Ln Arnal 5Comment
Cet article est le 7 e de 10 dans la série La vie des scientifiques sur (grand) écran
Temps de lecture estimé : 4 minutes

Cet article est basé sur un article déjà publié mais il est enrichie et retravaillé pour mieux correspondre aux articles actuellement mis en ligne.

Agora a pour personnage principal Hypatie d’Alexandrie, l’une des premières mathématiciennes du monde. Elle se consacre totalement à la recherche, à l’enseignement et à la compréhension du monde. Sa vie est bousculé par l’arrivé d’une nouvelle religion, le christianisme. Hypatie observe les hommes se déchirer autour de leurs croyances, mettant un terme à l’équilibre entre les différentes communautés de la ville. En mettant en avant Hypatie, le film Agora nous rappelle que de tout temps, il y a eu des femmes scientifiques. L’accès des femmes à l’éducation et à la science a beaucoup varié selon les époques. Cet accès était grandement corrélé à la vision de la place de la femme dans la société.

Pour des raisons de sources et de facilité, cet article se centre sur l’histoire occidentale (Europe essentiellement).

La Grèce antique, qui est le berceau de la science occidentale, n’est guère propice aux femmes, les enfermant au gynécée et ne leur donnant que peu de droit. Néanmoins la présence de déesses puissantes et savantes (Athéna et sa mère Métis) au panthéon laisse la place pour des femmes savantes. Certains philosophes ne voient pas de raison de ne pas instruire les femmes comme Pythagore ou Platon. L’école pythagoricienne a ainsi formé la femme, la sœur et les nièces de son fondateur.

L’arrivé du christianisme et les enseignements de Saint Paul ne sont favorable ni à la science ni aux femmes. Pendant les siècles suivants, l’accès aux connaissances scientifiques va être difficile pour tous mais encore plus pour les femmes. Néanmoins il existe des femmes savantes, en particuliers dans les couvents qui sont les lieux privilégiés pour l’éducation des femmes. C’est par exemple le cas d’Hildegarde Von Bingen (nonne, botaniste et linguiste -entre autre). En Italie, la présence de femmes médecins ne semble pas poser de problème avec l’école de Trotula de Salerne par exemple.

L’affiche du film Agora © Mars Distribution

La Renaissance va mener à une révolution scientifique au 17e siècle et encore une fois l’accès à l’éducation et à la connaissance des femmes est au centre de débat. D’un côté, la recrudescence des procès pour sorcellerie qui touchent principalement les femmes, en particulier savante. De l’autre, Fontenelle écrit un livre de vulgarisation sous forme d’entretiens avec une marquise et l’université de Padoue donne le grade de docteur à une femme. L’astronomie, qui se développe, est un champ d’observation qui comporte de nombreuses femmes.

Le 18e (et le début du 19e) est le siècle des salons. Si certains sont sur les arts, d’autres sont scientifiques et ils sont tenus par des femmes. A côté de ces salons, les cabinets de curiosités font également leur apparition. Cette science faite à domicile va permettre à des épouses, des sœurs ou des filles curieuses d’accéder à la connaissance scientifique et d’apporter leurs contributions aux découvertes. Elles joueront un rôle clé dans la circulation des idées en traduisant (et en annotant) des textes scientifiques comme la marquise du Châtelet, Mme Lavoisier ou Mary Somerville.

Si les salons permettent aux femmes d’accéder à la connaissance scientifique, de nombreux intellectuels se disputent pour savoir s’il faut instruire les femmes sur les sujets scientifiques. Si les uns ne voient aucune raison pour l’empêcher (Diderot ou Condorcet), d’autres pensent que cela éloignerait les femmes de leur rôle au sein du foyer et du foyer comme Rousseau. Ce dernier substitue la Nature à la religion. C’est ce discours que gardera la morale bourgeoise qui régit les sociétés européenne de la fin du 18e et au 19e.

Sophie Germain, mathématicienne du début du 19e siècle

A la moitié du 19e siècle, la science occidentale se révolutionne encore et se professionnalise. D’amateurs s’adonnant à une passion, les scientifiques deviennent des professionnels qui sont formés et qui sont payés pour leur travail scientifique. Malgré quelques femmes déjà diplômées, les universités restent fermer aux femmes tant pour la formation que pour y travailler (dans la recherche). Sans cet accès, impossible d’être reconnu par la communauté. Cela n’empêchera pas certaines de tout faire pour avoir droit à cet accès. Sophia Kovalevskaïa devra quitter sa Russie natale pour étudier en Allemagne et s’obstiner pour pouvoir suivre les cours comme auditrice libre. Il faut alors à une femme du courage et du talent pour faire reconnaitre sa capacité à suivre les cours.

A partir de la fin du 19e siècle, les universités s’ouvrent peu à peu aux femmes qui peuvent enfin y étudier. La plupart des diplômés, médecine mise-à-part, deviendront enseignantes dans le secondaire. Mais les plus brillantes arrivent à trouver des postes dans les universités. De façon générale, les femmes restent très minoritaires et se heurtent à l’hostilité des étudiants et des universitaires qui pensent encore que la science est réservée aux hommes. Néanmoins, peu à peu, les femmes trouvent leur place à l’université et ne cesse de démontrer que la science n’est pas réservée aux hommes.

Agora se rapproche du biopic en mettant en scène le peu que l’on connaisse de la vie d’Hypatie. Mais le manque d’informations laisse la place à la spéculation. Un travail est fait sur les costumes pour pouvoir facilement identifier les différentes communautés d’Alexandrie. Le film montre bien la catastrophe à venir et que rien ne peut arrêter. Néanmoins bien que le film mette Hypatie au cœur de son récit, elle semble le plus souvent extérieure aux événements, trop occupé à enseigner et à réfléchir. Elle semble alors plus être un symbole, une science athée et non-discriminante qu’une personne avec ses faiblesses.

Dans le prochain article, nous explorons ce qui limite encore la reconnaissance de l’apport de femmes à la science.

Pas tout compris ? Tu as des remarques ? Une erreur s’est glissée dans le texte ? N’hésite pas à laisser un commentaire, j’y répondrais avec plaisir.

Pour aller plus loin :

Les femmes et la science par Gérard Chazal, édition ellipse poche, 2015
Chronologie de la place des femmes dans les sciences, page Wikipédia présentant des femmes scientifiques de l’antiquité à nos jour

 

Note perso

Agora, 2009
Réalisé par Alejandro Amenábar
Avec Rachel Weisz, Max Minghella, Oscar Isaac …
Nationalité espagnole
Durée 2h06

La bande-annonce en VOSTF

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5 thoughts on “Agora : rapide historique des femmes en science

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