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Cadavres à la pelle : Disséquons la dissection

Temps de lecture estimé : 4 minutes

This is a true story
Except for the parts that are not
(Ceci est une histoire vraie excepté les parties qui ne le sont pas)

Au moins l’avertissement est clair, Cadavre à la pelle est basé sur une histoire vraie mais il se permet, avec humour, de s’éloigner des faits. Il s’agit de l’histoire de Burke et Hare, deux hommes sans le sous qui décident de vendre des cadavres frais à deux professeurs d’anatomie pour leurs cours et leurs conférences. Devant le manque de cadavres légalement disponibles, les deux héros commencent à tuer pour avoir toujours plus de corps les plus frais possibles.

La dissection est le fait de découper un organisme mort pour observer l’organisation de ces organes. On peut donc disséquer un animal mais également un végétal. La dissection humaine a permis aux médecins d’apprendre comment était constitué le corps humain pour mieux le soigner en particulier lors de chirurgie. Elle a été réglementée de différente façon selon les époques. En particulier, elle était strictement interdite dans la Rome antique mais pas de façon uniforme au Moyen-âge. Les dissections animales et végétales ont quant à elle permit aux biologistes de mieux comprendre la diversité du monde vivant mais également les ressemblances qui existent entre des êtres très divers. La dissection est une phase essentielle d’observation du monde vivant et a permis de nombreuses découvertes.

Grenouille disséquée en tricot par Estonia76 cc by nc sa

Aujourd’hui, la dissection dans le cadre de l’enseignement est remise en question. Particulièrement à la suite d’une pétition lancée contre par une élève de 12 ans. Je voulais revenir sur mon expérience de la dissection et de ce que j’en ai appris. J’ai disséqué un certains nombres de fois lors de mes études supérieurs en biologie. J’ai disséqué des animaux et des végétaux. A chaque fois, j’avais eu en parallèle un cours théorique de d’anatomie (animale et végétale). Je dois avouer que la dissection a été à chaque fois un vrai plus pour comprendre l’organisation du vivant. L’étude de schéma et de photo ne m’aurait jamais apporté autant que l’observation et la manipulation des organes. D’autant que chaque dissection donnait lieu à un dessin anatomique (pour les animaux – c’est d’ailleurs comme ça que j’ai appris à dessiner) ou un schéma (pour les végétaux). Les différentes dissections m’ont appris qu’un intestin est vraiment long mais qu’il se ressemble que ce soit celui d’un ver de terre, d’une langoustine ou d’une souris. Je suppose que le mien également est assez semblable.

La dissection se fait sur des animaux morts (sinon il s’agit de vivisection et s’est interdit dans les écoles). Il y a bien-sûr des histoires d’animaux pas mort, juste endormi par la congélation (pour éviter la décomposition du corps). Avec le recul, je me demande s’il ne s’agit pas de légende urbaine (je n’ai pas entendu de témoin direct). De façon générale, les animaux sont morts et ne ressentent donc plus la douleur et n’ont aucune conscience de ce qu’il se passe. Ai-je aucun respect pour la vie ou les animaux ? Je ne crois pas. J’ai autant de respect pour un humain, un animal ou un végétal car on partage beaucoup de points communs et qu’on est aucunement supérieur. Nierais-je la douleur ressentis par les animaux, en particulier les vertébrés ? Non j’en ai bien conscience et je suis favorable à la limitation de celle-ci. Mais il ne faut pas non plus projeter notre conscience sur eux.

Une dissection animale (bizarrement on a aucun problème avec les végétaux alors que c’est également des êtres-vivants) est une expérience particulière et enrichissante mais il me semble qu’elle demande d’être bien préparer (quel est le but ? que doit-on observer ?), d’être bien encadrer (discuter avec les élèves de leurs observations). Est-elle utile au collège ? Je ne sais pas. Je n’en ai pas pratiqué à cet âge-là. N’ayant pas non plus vu ou essayé des logiciels de dissection virtuelle, je ne sais pas leur valeur éducative mais le fait de la pratiquer sur de vrais animaux apporte une réalité au savoir.

Dans le film, au contraire, l’humour sert à mettre une distance et une certaine irréalité des faits relatés. Il permet également de s’attacher aux deux meurtriers. De même, à la fin, les dissections semblent moins nécessaires grâce à l’invention de la photographie par Niépce (on croise également Darwin jeune). Bref un film sympathique si on aime l’humour grinçant anglais.

Et vous que pensez-vous de la dissection dans l’enseignement ? Et si vous l’avez pratiqué, vous a-t-elle apporté quelque chose ?

Logarithme népérien

Pour aller plus loin :
Chroniques de dissection par Colin
Le dessin de Kou de 9 sur la pétition contre la dissection au collège avec plein de lien intéressant
Pour acheter les dissections en tricot (photo)

Cadavre à la pelle (Burke and Hare), 2010
Réalisé par John Landis
Avec Simon Pegg, Andy Serkis, Isla Fisher …
Nationalité britannique
Durée 1h 31min

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La note des lecteurs :

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La bande annonce en VO non sous-titré

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