J’avais prévu cet article par rapport à la sortie mercredi dernier du dernier film de la saga Hunger Games, La révolte 2ème partie. Mais les événements de vendredi dernier donne à cet article un côté encore plus imbriqué dans l’actualité. Cet article me tenait d’autant plus à cœur qu’il montre un risque qui peut être sous-estimé juste après les événements mais qui est évitable s’il est pris en charge tôt.
Hunger Games – La révolte 1ère partie est le troisième opus de la saga Hunger Games. Il s’ouvre sur Katniss qui se cache et se remémore les faits qu’elle connait à la suite d’un cauchemar. Il est évident que les événements des deux films précédents ont laissé des marques sur l’héroïne, en particuliers ceux s’étant déroulé dans les arènes. De nombreuses personnes en ont déduit que Katniss souffrait d’un trouble de stress post-traumatique ou TSPT [1] ou Post-traumatic stress disorder (PTSD) en anglais. Mais quel est exactement ce trouble dont on parle de plus en plus souvent ?
Sommaire
Symptômes et manifestation
Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) survient après un événement traumatique qui fait confronter la personne à la mort dans son aspect le plus brutal. Il peut s’agir d’une catastrophe naturelle, d’actes de guerres, d’agression physique ou sexuelle, d’attentat… Il peut s’agir d’un unique événement ou d’événements multiples. Il est important de noter que la personne souffrant de TSPT peut être la victime des événements, un proche ou l’auteur voir même toucher les aidants (policiers, médecins…) dans l’exposition répétée. De manière générale, la réaction immédiate à l’événement aura été traduite par une peur intense, par un sentiment d’impuissance ou par un sentiment d’horreur.
Après un temps de latence de plusieurs semaines ou années, la personne présentera des reviviscences qui sont des flash-backs très intrusifs où le présent et le souvenir se mêlent et où la personne revive les sensations de l’événement traumatique. Ces reviviscences peuvent également prendre la forme de cauchemar. Du coup, la personne cherchera a évité les situations et les facteurs déclenchant ces reviviscences. Cela peut aller jusqu’à un évitement de certaines émotions et voir une certaine insensibilité. La personne souffrira également d’une amnésie traumatique. Elle sera incapable de se souvenir et de raconter l’événement traumatisant (tout en le revivant régulièrement). Enfin la personne est dans un état d’hypervigilance qui peut l’empêcher de dormir ou avoir des réactions inappropriées à certaines situations (crise de colère, très grande vigilance autour de la sécurité…).
Quand les symptômes durent moins de 3 mois, on parle de TSPT aigüe puis de TSPT chronique quand ils durent plus de 3 mois. D’autres pathologies peuvent accompagner le TSPT, la dépression, l’addiction à une substance (comme l’alcoolisme), des idées suicidaires et des troubles de la personnalité.
Base neurophysiologique
Lors d’un événement traumatique, le cerveau libère une forte décharge des neuro-hormones en réponse à la situation. Cette décharge doit permettre au corps de réagir face au danger. Si cette décharge est trop importante, alors elle laisse une trace dans le cerveau qui serait à l’origine des symptômes du TSPT. Elle donnerait aussi une réponse physiologique au stress (comme l’augmentation du rythme cardiaque) plus importante et plus longue que chez les autres personnes. De ce fait, il est possible qu’il existe des prédestinations à développer un TSPT, comme de faible taux de cortisol, qui rendrait les personnes les ayant à recevoir une trop forte décharge d’adrénaline lors d’un événement traumatique.
La trace la plus importante laissée dans le cerveau des personnes souffrant de TSPT est une activité accrue de l’amygdale et un dysfonctionnement de l’hippocampe. L’amygdale joue un rôle important dans la mémoire émotionnelle et l’hippocampe joue un rôle important dans la mémoire déclarative épisodique. Ce dérèglement empêcherait le passage de la mémoire traumatique de l’amygdale à l’hippocampe. Ainsi l’activité importante de l’amygdale sera à l’origine de la reviviscence de l’événement alors que le mauvais fonctionnement de l’hippocampe (souvent une sous-activité) empêcherait la personne de se souvenir et de raconter l’événement traumatique.
Soins
Débriefing
Le premier soin, qui est assez efficace, est l’intervention post-immédiate. Il s’agit le plus souvent de groupe de parole regroupant les victimes d’événement traumatisant et leurs proches. Ce groupe permet à chacun de verbaliser ses souvenirs et ses émotions. Cela permet aux personnes de recontextualiser les événements et leurs souvenirs. Cela permet également de mieux fixer les souvenir dans la mémoire déclarative et de percevoir que sa réaction et son ressenti est partagé avec les autres et que c’est donc normal. Enfin, ces débriefing sont normalement réalisé sous la conduite d’un spécialiste qui pourra repérer des personnes ayant des risques de développer des troubles psychiques et de leurs proposer une prise en charge précoce pour éviter les troubles.
EMDR
La désensibilisation et reprogrammation par mouvement des yeux (eye movement desensitization and reprocessing ou EMDR), est une technique assez efficace bien qu’on ne sache pas exactement comment elle fonctionne. Le patient est stimulé, le plus souvent visuellement, alternativement à gauche et à droite. Cela le placerait dans un état similaire (mais différent) de l’hypnose et dans un sentiment plutôt positif et rassurant. Le patient est alors invité à se remémorer l’événement traumatique et à verbaliser ses souvenirs. L’état du patient lors d’une séance d’EMDR permettrait au patient de reconnecter ses différentes formes de souvenirs (sensoriels, émotionnels, cognitifs…) et ainsi de remettre ses souvenirs de l’événement traumatique dans la mémoire épisodique. Si l’efficacité de la méthode n’est pas remise en cause, la méconnaissance de l’action de celle-ci lui vaut un certain nombre de critique.
En plus de l’EMDR, il est possible de traiter des TSPT avec des psychothérapies cognito-comportementales qui permettent aux malades de mettre des techniques pour gérer le trouble. Il est également possible d’utiliser différents types de médicaments.
Pour en revenir au film, il ne fait beaucoup de place aux conséquences psychologiques des événements précédents sur Katniss et les autres vainqueurs de Hunger Game qui le sont beaucoup plus dans le livre. Au contraire, le film reste dans l’action et fait une part importante à l’opposition de propagande entre le district 13 et le Capitol. De ce fait le film s’inscrit dans la suite de la saga comme un film familial d’action et une réflexion autour du poids des médias. Si cette question vous intéresse, je vous invite à (re)lire mon article Breaking News : l’effet des médias.
[1] Le terme d’état de stress post-traumatique ou ESPT existe également en français. ()
Pour aller plus loin :
Les deux vidéos du PsyLab sur le PTSD et les thérapies à l’aide de plusieurs films
Un article de review sur le PTSD
Un article en anglais sur la psychologie de Katniss
Un article sur le risque de TPST après les attentats de Paris
Note perso
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La note des lecteurs :
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Hunger Games – La révolte 1ère partie (The Hunger Games – Mockingjay : Part 1), 2014
Réalisé par Francis Lawrence
Avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth …
Nationalité américaine
Durée 2h03
La bande annonce en VOSTF