23 novembre 2018 Ln Arnal 0Comment
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La saga des Animaux Fantastiques a comme personnage principal Norbert Dragonneau (Newt Scamander en VO). Il est magizoologiste, c’est-à-dire qu’il étudie les animaux magiques. Il se rapproche des zoologistes de notre monde sans magie. Son but premier (même s’il est constamment interrompu par les intrigues des films) est d’écrire un livre recensent tous les animaux magiques, ce qu’on appelle une faune. On pourrait penser qu’à l’heure actuelle, on connaisse relativement toutes les espèces qui peuplent notre terre et que la découverte de nouvelles espèces est anecdotique. Or il n’en est rien, on a jamais nommé et décrit autant de nouvelles espèces. C’est donc le moment de découvrir la taxonomie, la science de nommer et décrire les espèces.

Affiche chinoise des Animaux Fantastiques 2 ©Warner Bros

Qu’est-ce que la taxonomie ?

Depuis l’antiquité (et probablement avant), les humains ont cherché à catégoriser les choses qui les entouraient. Cela vaut pour les êtres vivants. Pour les catégoriser, il faut les décrire et décider des critères sur lesquels ont défini les cases. Rapidement la notion d’espèce apparaît et semble assez simple à saisir et à comprendre. Si elle est encore utiliser aujourd’hui, elle a beaucoup évolué et reste difficile à définir de façon universelle et consensuelle. Mais comment organiser les espèces les unes par rapports aux autres ? Par utilité ? Par ressemblance ?

Au XVIIIe siècle, le biologiste Carl von Linné propose une nouvelle organisation du vivant qui se veut exhaustive dans son livre Systema Naturæ. Son ouvrage devient rapidement une référence. Il utilise alors un nom double pour nommer les espèces : un nom de genre et un nom d’espèce, un peu comme l’usage du nom de famille et du prénom dans la société occidentale. Le nom de genre permet un premier rapprochement entre des espèces très proches les unes des autres, comme le loup et le chien. S’il n’est pas le premier à en avoir l’idée, son usage dans son livre l’impose peu à peu à la communauté biologique. Elle est encore utilisée aujourd’hui.

Au-delà du double nom des espèces, la classification propose d’autres niveaux tels que la famille, l’ordre ou le règne. Ces niveaux ont énormément bougé aux cours des siècles selon les critères que l’on utilisait pour classer les genres. Avec la théorie de l’évolution, les biologistes ont encore modifié le classement pour le faire correspondre aux liens évolutifs entre les espèces. Ainsi plus on descend dans la classification plus deux espèces de cette catégorie ont un ancêtre commun proche. Cette intégration de l’évolution permet de classer dans un même système les organismes vivant actuels et les fossiles.

Le fait de nommer et classer ainsi toutes les espèces permet de représenter la biodiversité des êtres vivants. Linné avait ainsi répertorié plus de 10 000 espèces (6 000 végétales et 4 400 animales) et montre ainsi la grande variété du vivant. Le nombre d’espèces actuelles répertorié est au-delà des 2 000 000 et on estime le nombre total d’espèce présente actuellement sur Terre entre 3 et 100 millions. Il reste donc pas mal d’espèces à répertorier.

Classification taxonomique pour le renard. En français, les différents échelons taxonomiques sont : espèce, genre, famille, ordre, classe, phylum, reigne, domaine

Mais concrètement, comment fait-on ?

Les scientifiques commencent par aller faire des prélèvements ou des observations dans certains milieux. Une petite parcelle est délimitée de façon aléatoire et on collecte ou note tous les individus présent dans la dite parcelle. Le fait de choisir de prélever ou de juste observer dépend du type d’êtres vivants qu’on veut étudier. Enfin le prélèvement est destructeur par nature et apporte un nombre limitée d’informations mais permet une observation plus minutieuse au sein d’un laboratoire.

Une fois au laboratoire, les scientifiques cherchent à déterminer l’espèce de chaque individu. Pour les individus d’une espèce déjà connue, on obtient ainsi une information sur leur aire de répartition. Pour déterminer l’espèce d’un individu, on commence par l’observer et rechercher des critères distinctifs de différentes espèces. Ceux-ci sont regroupés dans des bases de données international mais avant on utilise des faunes ou des flores. Avec les nouvelles technologies de la biologie moléculaire, il est également possible d’utiliser des marqueurs génétiques spécifiques.

Si les scientifiques sont bien face à un individu d’une nouvelle espèce, ils doivent alors la nommer en suivant la nomenclature binomiale avec un nom latinisé. Au-delà de cette restriction, le nom est assez libre. Certaines espèces sont ainsi nommées d’après celui ou celle qui les a découvertes, un de ses collègues. D’autres d’après le lieu où elles ont été trouvées voir des célébrités ou des œuvres de fiction. Cette dernière origine de noms est à l’origine de nombreuses brèves. Une fois l’espèce nommée, il faut la décrire avec le plus de précision possible et publier l’information via un article scientifique dans une revue spécialisée. L’espèce est ainsi reconnue par la communauté et intégrée aux bases de données internationales. Un ou plusieurs individus sont conservés comme référence de l’espèce.

C’est un processus long et méticuleux. Une expédition de quelques mois prend des années de travail en laboratoire pour caractériser tous les individus prélevés. De plus, de nombreux spécimens ne sont pas encore (ou mal) identifiés dans les réserves des instituts de recherches comme les muséums. Ce qui s’ajoute au travail des taxonomistes. De même, ils peuvent également réexaminer des espèces déjà connues pour s’assurer d’une certaine homogénéité dans la classification d’un même clade et supprimer les doublons dus à plusieurs dénominations d’une même espèce. Ainsi certaines sous-espèces obtiennent régulièrement le statut d’espèce tandis que d’autres disparaissent pour n’avoir qu’un seul nom.

 

Avec plus de 18000 espèces découvertes par ans, on a jamais autant nommés d’espèces dans l’histoire des sciences.

Mais qu’est-ce qui explique qu’on en découvre autant ?

Tout d’abords, avec le progrès technique entre autre, les taxonomistes ont accès à des zones géographiques jusqu’alors inaccessible (fond marin, zones de forêt tropicale très reculées). Cet accès donne de nouveaux milieux où des espèces spécifiques peuvent exister et qu’il faudra nommer. Et cela prendra un certain temps. Mais même dans des zones géographiques qu’on pourrait penser bien connu, comme le continent européen, on continue à découvrir de nouvelles espèces à un rythme sans précédent.

Une des explications est que l’on s’intéresse à des taxons jusque-là un peu délaissé comme certains groupes d’insectes. Déjà très diversifié, ces taxons ont intéressés moins de personnes les siècles précédents. Ainsi on nomme peu de nouvelles espèces d’oiseau en Europe mais beaucoup de coléoptères ou de vers plats.

Une autre explication est l’augmentation du nombre de taxonomistes. Comme pour tous les domaines scientifiques, le nombre de personnes formées et travaillant dans cette discipline. Cette main d’œuvre n’est pas encore assez pour traiter tous les spécimens récoltés et présents dans les collections. Mais elle augmente la quantité de travail effectuée. Les pays en développement présentant une forte biodiversité font en particuliers des efforts important de classification de leur biodiversité et ce depuis une époque relativement proche. Enfin contrairement à d’autres domaine, la taxonomie comporte la participation d’un certains nombres d’amateur.ice à la création de savoir.

Cet énorme travail demande des fonds important et les choix politique de porter l’effort de classification sur tel ou tel zone du globe ou type d’espèces impacte notre vision de la biodiversité. Et celle-ci est importante dans les programmes de protection de la biodiversité. Par exemple, connaitre les espèces est la première étape pour pouvoir ensuite les étudier pour évaluer si l’espèce est proche de la disparition.

La taxonomie est une partie importante de la biologie rarement mise en avant dans la représentation de la biologie actuelle mis à part lorsqu’une espèce est nommée avec un nom particuliers (célébrité ou personnage). Pourtant ce travail est encore important et même dans des régions qu’on penserait bien connues. Il est à la base de quasi tout travail en biologie et en particulier en conservation.

 

Pas tout compris ? Tu as des remarques ? Une erreur s’est glissée dans le texte ? N’hésite pas à laisser un commentaire, j’y répondrais avec plaisir.

Pour aller plus loin :

Biodiversité, combien de millions d’espèces ? sur The Conversation
Why there’s been a boom in discovering new species despite a biodiversity crisis sur The Conversation
Fontaine B, van Achterberg K, Alonso-Zarazaga MA, Araujo R, Asche M, et al. (2012) New Species in the Old World: Europe as a Frontier in Biodiversity Exploration, a Test Bed for 21st Century Taxonomy. PLOS ONE 7(5): e36881. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0036881
Donoghue, M., & Alverson, W. (2000). A New Age of Discovery. Annals of the Missouri Botanical Garden, 87(1), 110-126. doi:10.2307/2666212
Costello, M. J., May, R. M., & Stork, N. E. (2013). Can We Name Earth’s Species Before They Go Extinct? Science, 339(6118), 413–416. doi:10.1126/science.1230318
Isaac N.J.B., Mallet J., Mace G. (2004) Taxonomic inflation: its influence on macroecology and conservation. Trends in Ecology & Evolution, Volume 19, Issue 9, https://doi.org/10.1016/j.tree.2004.06.004.

Avis

Très réussi au niveau de la réalisation – bien que très sombre dans les couleurs – le film pêche plus au niveau du scénario. Avec de nombreuses intrigues et de clins d’œil à la saga originale, on se perd un peu. Elles pourraient toute justifier un film à elles-seules mais elles se retrouvent traiter trop rapidement pour vraiment émouvoir la spectateur. Les clins d’œil qui peuvent être agréable sont trop nombreux à ne rien apporter aux intrigues, ce qui finit par être lourd. Au contraire, les effets spéciaux sont très réussi et le film est très beau visuellement. Le seul bémol est la première scène d’action qui est assez sombres et trop mouvementée pour être facilement compréhensible.

 

Note perso :

Les Animaux Fantastiques : Les Crimes de Grindelwald (Fantastic Beasts: The Crimes Of Grindelwald), 2018.
Réalisé par David Yates
Avec Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Dan Fogler…
Film britanique et américain
Durée 2h14

La bande annonce en VOSTF

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