Cet article est basé sur un article déjà publié mais il est enrichie et retravaillé pour mieux correspondre aux articles actuellement mis en ligne.
Après une pause de deux mois, la série des monstres à la lumière de la science revient avec le premier article s’intéressant aux zombies et autres morts-vivant.
Shaun of the Dead est le premier film de la trilogie Cornetto d’Edgar Wright. C’est un film de zombie mi-parodique mi-hommage à ce genre. On suit Shaun, un jeune homme qui cherche à concilier son ami Ed, sa petite amie et sa mère sans arriver à grandir. Son quotidien sera troublé par l’arrivée d’une apocalypse zombie. Il décide alors de sauver ses amis en allant dans son pub favoris. On retrouve souvent l’idée dans les films de zombies (dont Shaun of the Dead) que les zombies sont atteints par une infection quelconque et la propage en « mordant » les humains sains. Tiens, ça ne vous rappelle pas la rage ? Mais au-delà, existe-t-il de véritable zombies?
Sommaire
Zombi en Haïti
Les zombies sont issus de la culture Vaudou (et en particulier d’Haïti). Si phonétiquement le mot reste le même, on écrira plutôt zombi ou zonbi. Il s’agit alors d’un mort réanimé par un sorcier auquel il reste soumis, tel un esclave. Cette croyance viendrait d’Afrique de l’Ouest ou Centrale avec les esclaves mais elle n’est encore vivace qu’en Haïti. Au-delà de la croyance, il existe de véritables zombis en Haïti. Il s’agit de personnes vivantes victimes d’un sorcier qui les empoisonnerait. Elles passent alors pour mortes, sont enterrée, puis elles sont réanimées à l’aide d’un antidote et enfin garder sous le contrôle du sorcier. Les zombis haïtiens seraient alors réduits en esclavage. Cette pratique permettrait de se débarrasser d’une personne après un conflit, en particulier familial ou au sein du village. Fin des années 1990, on compterait 1000 cas de zombification (transformation de quelqu’un en zombi via un empoisonnement) par ans. De plus après le terrible tremblement de terre de 2010, des personnes zombifiées sont réapparues et sont revenue dans leur famille après la mort probable de leurs gardiens. La zombification est légalement reconnue et interdite en Haïti et le retour de personnes zombifiées posent de nombreux problèmes légaux puisque la personne vivante est morte d’un point de vue légal et social.
La zombification passe par l’usage de poudres créées par des bokos (des sorciers vaudou). Leur administration se fait par voie cutané et entraine des démangeaisons. La composante secrète de ces pratiques rend difficile de connaitre les compositions exactes de ces poudres et de les analyser. La théorie la plus communément admise propose un mélange de poisson globe et de Datura stramonium. Le poisson globe apporterait de la tétrodotoxine (poison présent, entre autre, dans le Fugu) pour donner l’aspect d’un cadavre à la victime en ralentissant son métabolisme et en le paralysant. La victime est alors déclarée morte par ses proches et les autorités locales et enterrée selon les rites locaux. L’enterrement a lieu soit le jour même soit le lendemain. La Dantura contient deux molécules qui ont inhibe la volonté et provoque des amnésies et des hallucinations. Il s’agit de la scopolamine et de l’hyoscyamine. Ces substances sont des poisons et peuvent créer des dommages permanent au corps et en particulier au cerveau et en surdose provoquer la mort de la personne.
Mais cette explication ne permet pas d’expliquer tous les cas de personnes zombifiées retrouvées par leur famille. Certains cas s’expliquent mieux par des troubles mentaux mais aussi parfois par des cas de méprise d’identité. Enfin, dans tous les cas, la croyance aux zombis qui existe en Haïti peut intervenir, sous un effet proche de l’effet placebo, sur les personnes. Si une personne se croie zombi, cela peut suffire à limiter sa volonté d’échapper à ses ravisseurs et de ne pas tenter de rentrer chez elle. Enfin certains, de peur d’être zombifiés, des personnes demandent à être décapiter avant d’être enterrer ou demande une crémation.
Manipuler son hôte
Mais les humains ne sont pas les seuls à empoisonner un être pour le contrôler. C’est le cas de certains parasites qui manipulent le comportement de leurs hôtes. Il s’agit de manipulation parasitaire ou plus familièrement de zombification, l’hôte étant soumis à son parasite comme le zombi au sorcier. Un des exemples les plus connus est le suicide de grillons (par noyade) permettant alors à son parasite (un vers nématode) d’atteindre son milieu de vie d’adulte. Un autre exemple est un champignon (Cordyceps) dont les spores se fixent sur une fourmi. Le champignon pousse alors en s’alimentant des organes non-vitaux de la fourmi puis quand il atteint le cerveau de celle-ci, va modifier son comportement. La fourmi va se promener au hasard jusqu’à que le soleil soit au zénith. Alors la fourmi grimpe en haut d’une tige, y plante ses mandibules pour bien s’accrocher donnant au parasite les conditions optimal pour grandir mais qui va être fatale à la fourmi en 6 heure. D’autres espèces poussent leurs hôtes à inverser ses comportements pour augmenter les risque de l’hôte à être manger. La douve du mouton qui pousse les fourmis qu’elle infecte à monter (et à rester) en haut des brins d’herbes où elles risquent d’être mangé par des herbivores en particuliers le mouton. La douve infectera alors le foie du mouton.
Ces manipulations ont essentiellement évolués dans le cas où les parasites ont un cycle de vie complexe, c’est-à-dire avec plusieurs hôtes de différentes espèces. Pour en revenir à la douve, elle se reproduit dans le foie d’un mammifère (mouton ou humain), les embryons sont rejetés par les fèces. Ces derniers seront mangés par des escargots dont le système immunitaire les protège. Le parasite est répandu sur des herbes où il est ingéré par une fourmi où il finit sa croissance. Il doit alors trouver un mammifère pour se reproduire et produire la génération suivante de parasite. Il est important pour les parasites ayant ce type de vie à travers deux ou plus d’espèces hôtes de passer facilement de l’un à l’autre. Un des moyens est donc d’amener le premier hôte à transporter le parasite vers le second hôte même si cela implique la mort du premier.
Le cas de Toxoplasma gondii
Un de ces parasites manipulateurs bien connu est Toxoplasma gondii qui infecte et se reproduit dans les félins (en particulier le chat domestique). Il infecte également les mammifères (dont l’homme) et les oiseaux. Il passe des félins aux mammifères (et aux oiseaux) à travers l’ingestion d’aliments souillés par des fèces de félins. Après s’être développé dans cet hôte, ce dernier doit être consommé par un félin. Le parasite arrivant ainsi dans son hôte définitif où il pourra se reproduire. Les scientifiques ont, depuis longtemps, observé que des rongeurs parasité par T. gondii ne fuient plus quand ils sentent l’odeur d’urine d’un chat (comportement normal) mais sont au contraire attirer et curieux devant cette odeur augmentant alors leur chance d’être mangé par le chat. Depuis peu, un comportement similaire a été observé chez les chimpanzés infectés qui ne fuient plus l’odeur de l’urine de léopard.
Chez l’homme, T. gondii est responsable de la toxoplasmose qui est sans dangers mis à part chez la femme enceinte où il infecte le fœtus et chez les personnes faibles ou immunodéprimés. Même si l’humain n’est pas une proie des félins dans une grande partie du monde, les scientifiques se sont demandé si l’infection par T. gondii pouvait modifier notre comportement. Les études se sont principalement intéressées à savoir si une infection par T. gondii pouvait augmenter les comportements de prises de risques, un ralentissement des réactions et un sentiment d’insécurité et de doute. Ce qui serait relativement similaire aux changements de comportements observés chez les rongeurs. Des recherches ont été faites pour savoir s’il y avait un lien entre toxoplasmose et schizophrénie et d’autres troubles mentaux. Si certaines études montrent des résultats impressionnant où le taux de personnes immunisés (et donc infectés) à T. gondii était bien plus important chez les personnes schizophrènes et ayant eu un accident de la route (qui peut être dû à une prise de risque et/ou des réflexes plus lents). Mais une étude récente sur des personnes de 38 ans suivit depuis la naissance n’a pas montré de différence de comportements entre ceux infectés et les autres.
Pour en revenir au film, la réalisation dynamique d’Edgard Wright sait montrer exactement ce qu’il veut, révélant au moment choisis pour appuyer son propos. Le film oscille entre l’anormalité de la situation, une ville remplie de zombie, et une tentative de rester normal de la part des personnages (faire du thé, manger des cacahouètes au pub…). Cette oscillation veut également entre humour anglais et de la tension d’un film de zombies. L’équilibre n’est pas simple mais le film y arrive parfaitement et donne un film drôle mais pas ridicule dans son propos. Au-delà de l’humour, le film délivre son propos sur le fait de grandir et devenir adulte dans un monde qui semble zombifier ses membres.
Dans un prochain article, nous reviendrons sur la question de la mort, centrale dans l’univers zombie.
Pas tout compris ? Tu as des remarques ? Une erreur s’est glissée dans le texte ? N’hésite pas à laisser un commentaire, j’y répondrais avec plaisir.
Pour aller plus loin :
Vaudou, zombies et psychiatrie, interview du Professeur Ghislaine Adrien par le PsyLab
10 exemples de zombification par des parasites
Trois animaux qui peuvent hacker un cerveau ! une vidéo de Drawmewhy français
Un parasite manipulateur, Entretien avec Frédéric Thomas
Êtes-vous contrôlé par un parasite?
Interdit aux moins de 12 ans
Note perso
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Shaun of the dead, 2004
Réalisé par Edgar Wright
Avec Simon Pegg, Nick Frost, Dylan Moran…
Long-métrage britannique
Durée 1h39
La bande annonce en VO
La fiche Allociné Shaun of the Dead
2 thoughts on “Shaun of the Dead: zombies et parasites”