29 août 2015 Ln Arnal 1Comment
Cet article est le 7 e de 15 dans la série Les vampires (et autres monstres) à la lumière de la Science
Temps de lecture estimé : 5 minutes

Dans son adaptation, Francis Ford Coppola tente de se rapprocher au plus près du Dracula du roman de Bran stoker. Il présente également le personnage Vlad Ţepeş. Il fait également des clins d’œil à Nosferatu (images fortement dominé par une couleur, utilisation du terme de Nosferatu). Il renoue ainsi avec les origine du mythe du vampire de cinéma. Il est également temps pour nous de terminer notre cycle sur les vampires et la science et de revenir aux origines (tant du mythe qu’à notre premier article de la série). Nous avons ainsi ce que la médecine et la psychologie avaient à dire sur ce mythe. Ces deux sciences se sont plus intéressé au mythe récent du vampire tel qu’il est représenté dans les romans et les films. Mais il y a une science qui commence à s’intéresser au mythe du vampire dans ses versions plus ancienne. Il s’agit de l’archéologie.

L’archéologie est la science qui étudie le passé de l’homme à travers les artéfacts qu’il a laissé. Elle s’intéresse autant à la préhistoire qu’à la première guerre mondiale. Elle passe régulièrement par l’étude de cimetière et de sépulture. De temps à autre, des tombes bien particulière sont retrouvées dans divers pays européens. Atypique, elles présentent par exemple des crânes avec une pierre enfoncée dans la bouche, des corps littéralement cloué au cercueil, de corps en morceau et des grosses pierres sur le corps ou le cercueil. Si les explications autour de ces cas font débats, certains scientifiques n’hésitent pas à penser que ces tombes sont celles de vampires. Enfin qu’il s’agit de la marque que des rituels anti-vampires ont été réalisé sur ces cadavres.

Squelette de femme avec une faucille sur le coup retrouvé dans le cimetière de Drawsko (Pologne) (cc by Gregoricka et al.)
Squelette de femme avec une faucille sur le coup retrouvé dans le cimetière de Drawsko (Pologne) (cc by Gregoricka et al.)

Un bon exemple est la tombe de la princesse Éléonore-Amélie de Lobkowicz dont je vous ait parlé dans le premier article de cette série. Son cercueil a été retrouvé sous une voute maçonnée dans une chapelle de l’église de son village (et non dans le caveau familial à Vienne). Ce type de construction pourrait être là pour être sur que la morte ne ressorte pas de son tombeau.

Les rites et les croyances autour de la mort sont très important dans de nombreuses cultures. Il est important de réaliser ces rites de façons convenable pour que le défunt soit « en paix » et ne reviennent pas se venger. Ce type de croyances sont pris en compte dans les épidémies d’Ébola en Afrique pour éviter les contaminations du mort vers ceux présent à la préparation et l’inhumation. En Europe, la religion chrétienne réglemente ces rites mais des rites ancestraux ont pu persisté après la christianisation et même encore de nos jour. Dans certaines régions rurales de l’Europe centrale, certains rites sont là pour empêcher le retour des morts en particuliers sous formes de vampires. Ces rites comportent des éléments qui pourraient expliquer les sépultures déviantes observées un peu partout en Europe. Il est donc probable que ces sépultures soient le témoignage de rituels pour empêcher ceux qu’elles renferment de les quitter et de venir hanter les vivants.

Mais comment peut-on parler de vampire? Ou relier ces cas à ce mythe? Ces rituels demandent souvent de déterrer le mort suspect pour vérifier s’il est bien mort et réaliser les rituels (en particulier l’arrachage et l’incinération du cœur). Or, même maintenant, la décomposition d’un corps humain est mal connu et dépend de nombreux facteurs comme le type et la température de terre dans lequel il est inhumé. Ainsi certains phénomènes normaux ont pu être mal interprété. Lors de la décomposition des organes internes par l’acide gastrique, du gaz se forme et gonfle le ventre comme un bon repas. Lorsque le corps est transpercés, le gaz s’échappe en émettant un bruit ressemblant à un râle. Le même phénomène peut aspirer légèrement le linceul dans la bouche. Du sang peut s’échapper des orifices en particuliers la bouche et donner l’impression d’un repas de sang. La peau se rétracte en séchant et laisse les dents, les cheveux et les ongles paraitre plus long et donc qu’ils auraient poussés. Dans un sol froid voir gelé, les corps peuvent être très bien conservé même après plusieurs mois.

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Squelette de femme avec une pierre placée sur la gorge retrouvé dans le cimetière de Drawsko (Pologne) (cc by Gregoricka et al.)

Les grandes épidémies étaient particulièrement propice à ce genre de croyance. La maladie arrivait par une personne (la première à mourir, le plus souvent) qui « emmenait » avec elle ses proches. Le nombre élevé de mort, obligeait de nombreux enterrements rapprochés qui pouvaient déboucher sur la réouverture d’une tombe récente et l’observation de corps plus ou moins décomposés. L’explication de la maladie comme le résultat d’un vampire était alors convaincante pour des personnes n’ayant pas d’autres explications dans leur système de pensé et de croyance. Même sans épidémie, si la croyance des vampires était suffisamment forte, alors qu’un vampire était suspecté de hanter un village, il était possible que certaines personnes meurent subitement. L’explication est alors l’effet important lié à la croyance d’une mort imminente similaire à un effet nocébo.

Le mythe du vampire/mort-vivant est resté plus vivace en Europe centrale et les épidémies du XVIIIe siècle ont vu la croyance se confronter à la science à travers les enquêtes de l’empire austro-hongrois sur les cas de vampirisme en Serbie. La science de l’époque n’a pas pu apporter de réponses aux observations alors faites (en particulier sur la décomposition des corps) et le mythe a fasciné les salons de l’Europe de l’ouest. Un siècle plus tard, des auteurs ont repris ce mythe pour créer de nouveaux monstres dans leurs histoires d’horreurs.

Pour en revenir au film de Coppola, il est assez fidèle au livre bien qu’il rattache sans équivoque le personnage de Dracula à Vlad Ţepeş. Il met aussi en avant les histoires d’amour et de désirs, les opposant presque. Il nous parle aussi d’éternité en nous mettant en garde contre celle-ci, Dracula la regrettant à la fin. Outre une photo magnifique, le film est porté par un casting trois étoiles. Bref une des meilleures, si ce n’est la meilleure, adaptation du roman et un film à voir pour tous les fans de vampires (comme moi).

Cet article clôture notre cycle sur les vampires et la science (au moins temporairement). La série d’articles continue en s’intéressant à d’autres monstres (loup-garou, zombies, possédés…) tous les derniers vendredi du mois.

Pour aller plus loin:

Vampires, au-delà du mythe par Marjolaine Boutet, 2011 Ed. Ellipses
Vampire et mort-vivant au moyen-âge un documentaire d’Arte
Dispute scientifique autour du « vampire de Venise », un article de blog sur Science étonnante
Gregoricka LA, Betsinger TK, Scott AB, Polcyn M (2014) Apotropaic Practices and the Undead: A Biogeochemical Assessment of Deviant Burials in Post-Medieval Poland. PLoS ONE 9(11): e113564. doi:10.1371/journal.pone.0113564

Mise à jour du 18 janvier 2019

Note perso

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Dracula (Bram Stoker’s Dracula), 1993
Réalisé par Francis Ford Coppola
Avec Gary Oldman, Winona Ryder, Keanu Reeves …
Nationalité américaine
Durée 2h10

Interdit aux moins de 12 ans

La bande annonce VF

One thought on “Dracula : quand l’archéologie s’intéresse aux vampires

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