Les Autres nous plonge dans une ambiance sombre faite de pénombres propice à la peur. Cette pénombre est liée à la maladie qui touche les deux enfants de la maison. En effet ces derniers ne peuvent supporter la lumière du soleil sous peine de mourir dans d’atroces souffrances. Si la maladie dont ils souffrent est imaginaire, elle est inspirée d’une maladie bien réelle, la Xeroderma pigmentosum qui empêche les personnes atteinte de sortir au soleil sans protection au risque d’avoir de graves lésions aux conséquences mortelles. Ce côté fatal de l’exposition au soleil n’est pas sans rappeler les vampires qui brûlent à la lumière du soleil.
Peau et soleil
Mais commençons, avec le début de l’été par voir pourquoi le soleil est dangereux pour nous. Tout d’abord, il faut se souvenir que la lumière (et en particulier celle émanant du soleil) est composé de photons qui ont une longueur d’onde variantes et celle une partie est visible (spectre visible). La lumière dangereuse est celle ayant une longueur d’onde plus courte que le visible, les ultra-violets. Ces derniers ont des niveaux énergétiques plus importants et ont le plus d’effets sur la peau. Une partie de la lumière est réfléchit par la peau et une partie est absorbée. Cette partie absorbée colore la peau et si l’exposition est trop importante, elle brûlera la peau (coup de soleil).
Pour se protéger, la peau va produire de la mélanine par les mélanocytes. Cette dernière absorbe les UV énergétique et donne la couleur du bronzage. En parallèle les kératinocytes, cellules de la couche superficielle de la peau, vont se multiplier et la rendre plus solide et moins perméable aux rayonnements. Ces deux processus mettent quelques jours à se mettre en place et à offrir une protection supérieure de la peau. Mais le processus repose sur une altération de l’ADN par les UV-B. Le plus souvent, ces altérations seront réparées par la machinerie cellulaire. Mais si pour une raison ou une autre, ces altérations ne sont pas corriger, leur accumulation est à l’origine de cancer de la peau.
Les enfants de la Lune
Les personnes atteintes de Xeroderma pigmentosum (XP) ne réparent pas ces mutations induites par les UV. Pour éviter le développement de cancers de la peau, ils sont obligés de limiter très fortement leurs expositions aux UV. Ils ne peuvent donc pas sortir de jour (en particuliers aux heures les plus lumineuses) sans protection adaptée (vêtements long pour couvrir un maximum la peau, gants…). Cette contrainte a donnée lieu au surnom d’enfant de la Lune. XP est une maladie génétique rare qui touche entre 1 personne sur 100 000 à 1 000 000. Cette prévalence varie selon les populations humaines. En France, une cinquantaine de personnes souffre de cette maladie.
Selon le gène déficient, les symptômes ne seront pas exactement les mêmes et on définit 7 types (de A à G) de XP plus un variant. Cette différenciation vient du fait que le XP variant touche un gène codant pour une enzyme liée à la réplication de l’ADN endommagé tandis que les 7 autres types touchent des gènes lié à la réparation par excision de nucléotides. Cette différence fait que le XP variant se déclare et se diagnostique plus tard (vers 20 ans). Les principaux symptômes (variant selon les patients et les types de XP) sont :
- des coup de soleil grave lorsqu’il est exposé à de petites quantités seulement de la lumière du soleil (50% des cas). Ceux-ci se produisent souvent lors de la première exposition d’un enfant au soleil.
- développement de nombreuses taches de rousseur à un âge précoce
- épaississement de la couche cornée de l’épiderme (kératoses solaires), et les cancers de la peau
- yeux qui sont douloureusement sensible au soleil et peut facilement devenir irrités, injectés de sang et assombris
- cloques ou des taches de rousseur après une exposition au soleil au minimum
- dilatation de petits vaisseaux sanguins situés près de la surface de la peau
- la croissance limitée de poils sur la poitrine et les jambes
- la peau écailleuse et sèche
- taches sombres irrégulières sur la peau
- ulcérations de la cornée
Dans certain cas, des troubles neurologiques peuvent apparaître (30% des cas). L’espérance de vie des malades est faible mais une bonne protection contre les UV permet un rallongement de l’espérance de vie.
Rapprocher XP et vampirisme est tentant avec cet évitement du soleil mais, comme les porphyries, la rareté de la maladie ne peut expliquer un mythe aussi présent que celui des vampires. D’autant que le symbolisme chrétien oppose la lumière/le jour/le bien à l’obscurité/la nuit/le mal. Le vampire étant un être mauvais, il est repoussé par le bien/la religion (ça se retrouve dans la peur du crucifix). Au cours des siècles passés, les croyances populaires n’ont pas dû faciliter la vie des enfants malades. Le fait de ne pas sortir le jour et de rester dans des pièces confinées comme dans le film devait probablement alimenter des craintes et des soupçons dans la communauté. On peut le voir dans le film La comtesse où l’un des protagonistes parle d’enfants malades dans sa famille et qui ne peuvent pas sortir le jour.
Pour revenir au film, sans de grand effet c’est un film d’horreur réussi. Les pénombres (et le brouillard entourant la demeure) laisse flotter une atmosphère de soupçon et où on se demande ce qui réel et ce qui ne l’est pas.
Pour aller plus loin :
Le site de l’association les Enfants de la Lune qui soutient les malades et leur famille
Le dossier d’Allodocteur sur la maladie
La fiche de la maladie sur orphanet
Note perso
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La note des lecteurs :
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Les Autres (The Others), 2001
Réalisé par Alejandro Amenábar
Avec Nicole Kidman, Elaine Cassidy, Christopher Eccleston …
Nationalité Français, américain, italien, espagnol
Durée 1h45
La bande annonce en VOST
2 thoughts on “Les Autres : quand le soleil tue”